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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/467

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On crut qu’il avait songé à rendre aussi des honneurs à la mémoire de Néron, dans la vue de s’attacher la multitude. Il est certain que quelques-uns exposèrent en public les images de ce prince : même dans certains jours, le peuple et le soldat, croyant donner au nouvel empereur plus de noblesse et de lustre, le saluèrent des noms réunis de Néron Othon. Il ne s’expliqua point sur ce titre, n’osant le refuser ou rougissant de l’accepter.

42. Séville, dans l’Andalousie, et Mérida dans l’Estramadure.

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Les esprits tournés à la guerre civile ne songeaient plus aux dangers du dehors. Enhardis par cette négligence, les Rhoxolans, nation sarmate, après avoir massacré l’hiver précédent deux cohortes romaines, s’étaient jetés pleins d’espérance sur la Mésie, au nombre de neuf mille cavaliers tous animés d’une audace que doublait le succès, et plus occupés de butin que de combats. Pendant qu’ils erraient sans prévoyance, la troisième légion, soutenue des auxiliaires, les assaillit tout à coup. Du côté des romains, tout était disposé pour l’action ; les Sarmates, dispersés par l’ardeur de piller ou surchargés de bagages, et ne pouvant tirer parti de la vitesse de leurs chevaux dans des chemins glissants, se laissaient égorger comme des hommes enchaînés : car c’est une chose étrange à quel point tout le courage des Sarmates semble être hors d’eux-mêmes. Rien de si lâche pour combattre à pied ; quand leurs bandes arrivent à cheval, il est peu de troupes en bataille capables de résister. C’était un jour de pluie et de dégel : ni les piques, ni ces longs sabres qu’ils tiennent à deux mains, ne pouvaient leur servir, à cause des faux pas de leurs chevaux et du poids de leurs cataphractes. C’est une armure que portent les chefs et la noblesse : des lames de fer ou des bandes du cuir le plus dur en forment le tissu ; mais, impénétrable aux coups, elle ôte au guerrier abattu par le choc des ennemis la facilité de se relever ; ajoutons la neige molle et profonde où ils s’engloutissaient. Le soldat romain, vêtu d’une cuirasse plus souple, envoyait son javelot ou chargeait avec la lance ; et, tirant au besoin sa courte épée, il en perçait le Sarmate découvert ; car ce peuple ne connaît pas l’usage du bouclier. Enfin le peu qui échappèrent du combat se cachèrent dans des marais, où la rigueur du froid et les suites de leurs blessures les firent tous périr. Quand cette nouvelle fut connue à Rome M. Aponius, gouverneur de Mésie, fut récompensé par une statue triomphale ; Fulvius Aurélius, Julianus Titius et Numisius Lupus, commandants de légions, reçurent les ornements