Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/475

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et en apparence des plus magnifiques, mais stérile en effet, tant on avait depuis longtemps pressé les restitutions. Ensuite il convoqua le peuple ; et, après avoir exalté la majesté de Rome et le consentement du sénat et du peuple romain déclarés pour sa cause, il discourut avec ménagement du parti contraire, accusant l’ignorance plutôt que l’audace des légions ; du reste, sans nommer Vitellius, soit modération de sa part, soit que l’auteur de la harangue se fût interdit toute invective par crainte pour lui-même. Car si, en matière de guerre, Othon prenait conseil de Suétonius et de Celsus, il passait aussi pour emprunter les talents de Galérius Trachalus dans les affaires civiles. On crut même reconnaître sa manière pompeuse, retentissante, faite pour emplir l’oreille, qu’un fréquent exercice du barreau avait rendue célèbre. Les acclamations du peuple, inspirées par la flatterie, en eurent l’exagération et la fausseté. Le dictateur César et l’empereur Auguste n’auraient pas excité un plus bruyant concert d’applaudissements et de vœux. Et ce n’était ni crainte ni amour : une émulation de servitude éveillait, comme dans les troupes d’esclaves, toutes les bassesses privées ; pour l’honneur public, on n’y songeait plus. Othon en partant confia le repos de la ville et les soins de l’empire à Titianus son frère.


Fin du Livre I


Titus part pour Rome

1

Déjà la fortune jetait dans une autre partie du monde les fondements d’une domination nouvelle qui, dans la variété de ses destins, fit la joie ou la terreur de Rome, le bonheur ou la perte des princes qui l’exercèrent1. Galba vivait encore lorsque Titus Vespasianus partit de Judée par l’ordre de son père. Le but avoué de son voyage était de féliciter le prince et de