Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/477

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par le Cilicien Tamiras, et qu’il fut réglé que les descendants de ces deux familles présideraient de concert à tous les soins du culte. Bientôt, pour qu’il ne manquât à la maison royale aucune prééminence sur une race étrangère, les nouveaux venus renoncèrent à la science qu’ils avaient apportée, et le prêtre que l’on consulte est toujours un descendant de Cinyras. Toute victime est reçue, pourvue qu’elle soit mâle. C’est aux entrailles des chevreaux qu’on a le plus de confiance. Il est défendu d’ensanglanter les autels ; des prières et un feu pur sont tout ce qu’on y offre, et, quoiqu’en plein air, jamais la pluie ne les a mouillés. La déesse n’est point représentée sous la figure humaine ; c’est un bloc circulaire qui, s’élevant en cône, diminue graduellement de la base au sommet. La raison de cette forme est ignorée.

Titus rejoint son père Vespasien

4

Après avoir contemplé la richesse du temple, les offrandes des rois, et toutes ces antiquités que la vanité des Grecs fait remonter à des époques inconnues, Titus consulta d’abord sur sa navigation. Quand il eut appris que la route s’ouvrait devant lui et que la mer était propice, il sacrifia un grand nombre de victimes, et fit sur lui-même des questions enveloppées. Sostrate (c’était le nom du prêtre), voyant un accord parfait des signes les plus heureux, et sûr que la déesse avait pour agréable cette haute consultation, répond en peu de mots et dans le style ordinaire, puis il demande un entretien secret et déroule le tableau de l’avenir. Titus, plein d’un courage nouveau, rejoignit son père, et, dans un moment où l’esprit des armées et des provinces étaient en suspens, il jeta dans la, balance des affaires tout le poids de sa propre confiance. Vespasien avait amené à son terme la guerre de Judée ; il ne restait plus qu’à forcer Jérusalem, rude et pénible entreprise, à cause de sa situation escarpée et de son fanatisme opiniâtre ; car d’ailleurs les assiégés n’avaient plus contre le fer et la faim que de faibles ressources. J’ai déjà dit que Vespasien avait trois légions, aguerries par les combats. Mucien en commandait quatre et ne faisait pas la guerre ; mais l’émulation et la gloire de l’armée voisine les avaient sauvées de la mollesse, et autant les soldats de Vespasien s’étaient endurcis parmi les dangers et les travaux, autant les autres avaient acquis de cette vigueur que nourrit le repos et que les fatigues n’avaient pas émoussée. Les deux généraux avaient chacun de leur côté des auxiliaires, infanterie et cavalerie, des flottes, des rois, et à des titres divers un nom également célèbre.

Vespasien et Mucien

5

Vespasien était