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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/532

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souvinssent qu’ils étaient étrangers, ou que leur foi, mise à l’enchère, ne se vendît à l’ennemi. On gagna au parti deux rois suèves, Sidon et Italicus, vieillis dans le respect du nom romain, et chefs d’une nation moins rebelle au joug des serments. On plaça en flanc un corps d’auxiliaires pour observer la Rhétie. Cette province était ennemie, à cause de son procurateur Portius Septiminus, dont la fidélité à Vitellius resta inébranlable. Ce fut Sextilius Félix qui, avec l’aile de cavalerie Auriana, huit cohortes et les milices de la Norique, alla occuper les bords de l’Inn, rivière qui sépare cette contrée de la Rhétie. Ni de part ni d’autre on ne chercha le combat ; la destinée des partis se décidait ailleurs.

2. Voy. sur les Iazyges, sup. I, LXXXIX, 1ère note.

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Antonius prit avec lui les vexillaires des cohortes et une partie des cavaliers et courut envahir l’Italie, accompagné d’Arrius Varus, à qui ses campagnes sous Corbulon et les succès d’Arménie avaient donné la réputation d’un bon officier. Ce même Varus avait, dit-on, dans de secrets entretiens avec Néron, changé en crimes les vertus de son général et obtenu par un honteux retour le grade de primipilaire, honneur mal acquis dont il s’applaudit un instant et qui aboutit à le perdre, Antonius et lui, d’abord maîtres d’Aquilée, eurent bientôt toutes les places d’alentour. Opitergium et Altinum3 les reçurent à bras ouverts ; une garnison fut laissée dans Altinum pour tenir en respect la flotte de Ravenne, dont on ignorait encore la défection. Ils rangèrent ensuite dans leur parti les villes de Padoue et d’Ateste4. Là ils apprirent que trois cohortes vitelliennes et la cavalerie Scriboniana occupaient le Forum d’Alliénus5, où elles avaient jeté un pont. L’occasion parut bonne pour fondre sur cette troupe ; car on sut en même temps quelle se gardait mal. L’attaque eut lieu au point du jour ; presque tous furent surpris sans armes. On avait recommandé d’épargner le sang et de les forcer par la terreur à changer de parti. Quelques-uns se rendirent aussitôt ; un plus grand nombre rompirent le pont, et, en coupant le chemin au vainqueur, arrêtèrent la poursuite.

3. Aquilée, Oderzo, Altino, dans le ci-devant État de Venise.
4. Padoue et Este, dans le même pays. Toutes ces villes faisaient partie de la Gaule cisalpine.
5. Muret pensait que Forum Allieni était Légnano, petite ville de l’État Vénitien, sur l’Adige.

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À la nouvelle d’une victoire qui ouvrait la campagne si