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Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/604

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en Syrie. On conduisit en Germanie une autre partie de l’armée. Ainsi, purgée de ce qu’il y avait de plus turbulent, la ville reprit sa première forme, les lois leur autorité, les magistrats leurs fonctions.

21. L’auteur des Stratagèmes et des Aqueducs. Il fut le prédécesseur d’Agricola dans le commandement de la Bretagne. Il mourut vers l’an 108 de notre ère, et eut Pline le Jeune pour successeur dans la dignité d’augure, dont il était revêtu.
22. Les rois Sohémus, Antiochus, Agrippa. Voy. liv. II, chap. LXXXI.

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Le jour où Domitien fit son entrée au sénat, il dit, sur l’absence de son père et de son frère et sur sa propre jeunesse, quelques mots pleins de convenance, que faisait valoir la grâce de son maintien ; et, comme on ignorait encore ses mœurs, la rougeur qui couvrait à chaque instant son visage passa pour modestie. Le nouveau César ayant proposé de rétablir les honneurs de Galba, Curtius Montanus fut d’avis que la mémoire de Pison fût aussi honorée. Le décret fut rendu pour tous deux : il ne fut pas exécuté pour Pison. On tira au sort des commissaires chargés de faire restituer les rapines de la guerre, de rechercher et de remettre en place les tables des lois tombées de vétusté, de purger les fastes des additions dont les avaient souillés l’adulation des temps, enfin de modérer les dépenses publiques. La préture fut rendue à Tertius Julianus, quand on eut reconnu qu’il s’était réfugié auprès de Vespasien : Griphus en conserva les honneurs. On reprit ensuite le procès entre Musonius Rufus et P. Céler. Céler fut condamné et les mânes de Soranus vengés. Ce jour, signalé par la sévérité publique, eut aussi son triomphe privé : Musonius recueillit la gloire d’avoir accompli un grand acte de justice. L’opinion jugea autrement Démétrius, philosophe cynique, qui s’était montré plus ambitieux de renommée que d’estime, en défendant un criminel déjà convaincu. Céler lui-même ne trouva ni courage dans le péril, ni paroles pour se justifier. Au signal de vengeance donné contre les accusateurs, Julius Mauricus pria César de communiquer au sénat les registres du palais, afin qu’on sût quelles accusations chacun avait sollicitées. Domitien répondit que sur une telle demande il fallait consulter le prince.

41

Les premiers du sénat firent un serment que répétèrent à l’envi tous les magistrats, et que les autres sénateurs prononcèrent en opinant à leur tour : ils prenaient les dieux à témoin "qu’ils n’avaient concouru à aucun acte qui pût nuire à la sûreté de personne, et qu’ils n’avaient tiré ni profit ni honneur de l’infortune des citoyens." Un trouble visible et des termes adroitement changés dans la formule du serment trahissaient les consciences coupables. Les sénateurs applaudissaient à la bonne foi, protestaient contre le parjure. Cette espèce de censure