Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/101

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niques qui conquirent l’empire romain étaient, comme l’on sait, très-libres. On n’a qu’à voir là-dessus Tacite sur les Mœurs des Germains. Les conquérans se répandirent dans le pays ; ils habitaient les campagnes, et peu les villes. Quand ils étaient en Germanie, toute la nation pouvait s’assembler ; lorsqu’ils furent dispersés dans la conquête, ils ne le purent plus. Il fallait pourtant que la nation délibérât sur ses affaires, comme elle avait fait avant la conquête ; elle le fit par des représentans. Voilà l’origine du gouvernement gothique parmi nous. (Esprit des lois, liv. xi, chap. 8.)

Sont d’abord discutées par les chefs. « Les princes, dit Tacite, délibèrent sur les petites choses, toute la nation sur les grandes, de sorte pourtant que les affaires dont le peuple prend connaissance sont portées de même devant les princes. » Cet usage se conserva après la conquête, comme on le voit dans tous les monumens. Lex consensu populi fit et constitutione regis. (Capitulaires de Charles-le-Chauve, ann. 864 » art. 6 ; Esprit des lois, liv. xviii, chap. 30.) — Si l’on veut lire l’admirable ouvrage de Tacite sur les Mœurs des Germains, on verra que c’est d’eux que les Anglais ont tiré l’idée de leur gouvernement politique. Ce beau système a été trouvé dans les bois. (Esprit des lois, liv. xi, ch. 6.) — Le sénat, aux premiers temps de Rome, avait une grande autorité : les rois prenaient des sénateurs pour juger avec eux ; ils ne portaient point d’affaires au peuple qu’elles n’eussent été délibérées dans le sénat. (Ibid. 9 liv. xi, chap. 12.)

Ils s’assemblent. Tout ce qui avait rapport au bien général de la nation était mis en délibération publique, et se concluait par les suffrages du peuple, dans les assemblées annuelles appelées Champs de Mars et Champs de Mai. On donnait le nom de champs à ces sortes d’assemblées, parce que, conformément à la coutume de tous les peuples barbares, elles se tenaient en plein air, dans quelque plaine assez grande pour contenir la multitude de ceux qui avaient droit d’y assister. (Robertson, Charles V, introd. ii, pag. 349.) — Les diètes de l’empire étaient parfaitement semblables aux assemblées de mars et de mai ; les diètes s’assemblaient au moins une fois l’an ; tout homme libre avait droit d’y assister. C’étaient des assemblées dans lesquelles le monarque délibérait avec ses sujets sur les intérêts communs. (Ibid., pag. 403.) —