Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/280

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fait une seconde fois mention d’un personnage dont nous devons parler souvent encore, de dire en peu de mots quels furent sa vie, ses travaux et sa destinée. Helvidius Priscus naquit en Italie, au municipe de Terracine ; son père Cluvius avait eu le rang de primipilaire : jeune encore, il dirigea son esprit distingué vers les études les plus élevées, non, comme bien des gens, afin de voiler de titres pompeux une honteuse inaction, mais pour s’affermir contre les vicissitudes du sort et se consacrer à la république. Il suivit la doctrine des philosophes pour qui le seul bien est ce qui est honnête, le seul mal ce qui est honteux, et qui ne comp tent la puissance, la noblesse et tout ce qui est hors de l’âme, ni parmi les biens ni parmi les maux. N’ayant encore été que questeur, il fut choisi pour gendre par Pétus Thraseas ; et, dans toutes les vertus de son beau-père, il puisa surtout l’amour de la liberté : citoyen, sénateur, époux, gendre, ami, il accomplit également tous les devoirs de la vie, contempteur des richesses, toujours ardent pour le bien, inébranlable à la crainte. » (Tacite, Hist., liv. iv, ch. 5.)

De parler et d’entendre. Dans une nation libre, il est très-souvent indifférent que les particuliers raisonnent bien ou mal ; il suffit qu’ils raisonnent : de là sort la liberté, qui garantit des effets de ces mêmes raisonnemens. De même, dans un gouvernement despotique, il est également pernicieux qu’on raisonne bien ou mal ; il suffit qu’on raisonne, pour que le principe du gouvernement soit choqué. (Montesq., liv. xix, ch. 27.)

III. Maintenant enfin nous commençons à respirer. Bossuet a imité ce passage en son Histoire universelle. Domitien est tué ; l’empire commence à respirer sous Nerva. Son grand âge ne lui permet pas de rétablir les affaires ; mais, pour faire durer le repos public, il choisit Trajan pour son successeur.

Nerva. Nerva adopta Trajan, prince le plus accompli dont l’histoire ait jamais parlé ; ce fut un bonheur d’être né sous son règne : il n’y en eut point de si heureux ni de si glorieux pour le peuple romain. Grand homme d’état, grand capitaine, ayant un cœur bon qui le portait au bien, un esprit éclairé qui lui montrait le meilleur, une âme noble, grande, belle ; avec toutes les vertus, n’étant extrême sur aucune ; enfin, l’homme le plus propre à honorer