Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/291

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de celui de Perth, coule à l’est et se jette dans l’Océan Britannique, en formant un golfe à quinze milles Est de Dundée.

— Le mot œstuarium signifie plus souvent encore un terrain qu’inonde le flux de la mer, et qu’elle laisse en se retirant couvert de flaques d’eau. Il peut également s’entendre de l’embouchure d’un fleuve, et surtout en Écosse, où l’évasement des terres, à l’endroit où les rivières tombent dans la mer, n’est pas en rapport avec le peu d’étendue de leur cours.

Campden et Baxter ont cru qu’il s’agissait ici du Tay. La Bletterie semble assez porté à admettre cette supposition, et Dureau Delamalle n’a pas hésité. Je ne crains pas de dire que je la rejette entièrement, soit qu’il faille entendre par œstuarium Taum, l’embouchure du Tay, ou le lac Tay.

On ne peut voir l’excursion d’un parti dans l’expression vastatis nationibus, qui ne peut s’entendre que d’un système parfait d’une offensive décidée. Or, les Romains ne pénétrèrent dans l’Écosse septentrionale que dans la cinquième campagne ; il est donc absurde de voir leurs légions sur le lac ou la rivière de Tay, dès la troisième campagne.

Ce fleuve Taus pouvait être, ou la Tyn qui se jette dans la mer dans le comté de Hadington sur la côte méridionale de Forth, ou mieux encore la Tweed, qui traverse une grande partie des provinces méridionales de l’Écosse, et qui tombe dans la mer à Berwick, où elle fait encore la limite de l’Angleterre et de l’Écosse.

La difficulté qu’il y a de fixer avec certitude la position du Taus, tient peut-être à la science étymologique. La Bletterie rapporte, d’après Baxter, que tav ou sav signifient de l’eau dans la langue des anciens Bretons, c’est-à-dire le celtique. Aussi voit-on ce nom, modifié par ses terminaisons ou même par le changement très-fréquent du t en d, s’appliquer encore à un grand nombre de rivières, soit en Angleterre, soit en Écosse.

Le Tiev, le Dovey et la Dee, dans la principauté de Galles ; la Tees dans l’évéché de Durham ; la Tyne dans le Northumberland ; la Tweede, le Tay et la Dee en Écosse, sont des exemples qui viennent à l’appui de cette hypothèse.

(M. Cools Desnoyers.)