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Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/9

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écrit dans ce style. C’est le style de Tacite, mais avec une nuance particulière toujours soutenue : écrivant en prose, Tacite y est beaucoup plus concis que Perse dans ses satires, quoique Perse ait passé jusqu’à ce jour pour le plus concis de tous les écrivains ; et Tacite a cet avantage sur l’auteur des satires, que sa pensée n’est presque jamais obscure. Le manuscrit ayant éprouvé peu d’altérations, le sens y est en général clair, et je dirai même facile— Le style n’a aucune dureté ; il est toujours serré, toujours rapide, sans jamais être brusque ; il y règne même quelquefois un abandon, une simplicité qui étonne et charme l’esprit : mais avec quelle sensibilité Tacite parle d’une patrie, avec quelle candeur des vertus, avec quelle éloquence des Bataves, des Cimbres, de Rome et de l’empire ! L’historien prouve particulièrement ici combien il connaissait à fond l’art des transitions : quoiqu’il parcoure incessamment des sujets différens, il sait toujours en lier le récit, quelquefois par une pensée, souvent même par un mot. Dans la première partie, il règne un ordre admirable dont la table sommaire donnera une juste idée. La manière dont il décrit ces peuples nouveaux et si peu connus, doit être un modèle de méthode dans toute description géographique : il passe de l’un à l’autre par un enchaînement insensible ; le Rhin et le Danube lui servent d’abord de guides, et c’est en suivant ces fleuves qu’il dépeint tour-à-tour les nations qui en habitent les rives ; et après avoir fait connaître le caractère des Germains en général, il indique tous les traits caractéristiques particuliers à chacune de ces nations sauvages.