Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/95

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À peine s’en trouve-t-il un ou deux portant des casques. L’usage des cuirasses et des casques, ainsi que celui de l’arc et des flèches, presque inconnu sous la première race, devint une loi militaire sous la deuxième.

Centeniers. Après la conquête, ces centeniers devinrent chefs de bourgade et de village. La plupart des ordonnances des rois de la première et de la deuxième race sont adressées à des centeniers.

Abandonner son bouclier. Ces peuples guerriers étaient extrêmement sensibles à tout ce qui pouvait blesser leur réputation comme soldats. Par la loi des Saliens, si un homme en appelait un autre lièvre, ou s’il l’accusait d’avoir laissé son bouclier au champ de bataille, il était condamné à payer une grosse amende. (Leg. Salior., tit. 32, § 4, 6.)

VII. Ils choisissent leurs rois. La nation des Francs crut qu’il était plus sûr de mettre la puissance entre les mains d’un maire qu’elle élisait, et à qui elle devait imposer des conditions, qu’entre celles d’un roi dont le pouvoir était héréditaire. Un gouvernement dans lequel une nation qui avait un roi élisait celui qui devait exercer la puissance royale, paraîtra bien extraordinaire ; mais, indépendamment des circonstances dans lesquelles on se trouvait, je crois que les Francs tiraient leurs idées de bien loin. Ils étaient descendus des Germains, dont Tacite dit que, dans le choix de leur roi, ils se déterminaient par sa noblesse, et, dans le choix de leur chef, par sa vertu. Voilà les rois de la première race et les maires du palais. Les premiers étaient héréditaires, les seconds étaient électifs. (Espr. des lois, liv. xxxi, ch. 3 et 4.)

Une puissance illimitée. Les rois n’avaient point d’autorité, mais ils avaient un nom ; le titre de roi était héréditaire, et celui de maire était électif. Quoique les maires, dans les derniers temps, eussent mis sur le trône celui des Mérovingiens qu’ils voulaient, ils n’avaient point pris de roi dans une autre famille, et l’ancienne loi, qui donnait la couronne à une certaine famille, n’était point effacée du cœur des Francs. La personne du roi était presque inconnue dans la monarchie ; mais la royauté ne l’était pas. Pépin, fils de Charles Martel, crut qu’il était à propos de confondre ces deux titres ; confusion qui laisserait toujours de l’incertitude si la royauté nouvelle était héréditaire ou non ; et cela suffisait à celui