Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/96

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qui joignait à la royauté une grande puissance : pour lors, l’autorité du maire fut jointe à l’autorité royale. Dans le mélange de ces deux autorités, il se fit une espèce de conciliation : le maire avait été électif, et le roi héréditaire ; la couronne, au commencement de la seconde race, fut élective, parce que le peuple choisit ; elle fut héréditaire, parce qu’il choisit toujours dans la même famille. (Esprit des lois, liv. xxxi, ch. 16.)

Charger de liens. Bouchard de Montmorency refusa de déférer au jugement que Philippe Ier avait rendu contre lui. L’abbé Suger, si instruit de nos usages, dit que le roi ne fit point arrêter ce seigneur, qu’on lui permit de se retirer ; parce que ce n’était pas la coutume d’emprisonner les Français. (Mém. de l’Acad. des Belles-Lettres, tom. ii, pag. 639,)

N’est permis qu’aux pontifes. César dit le contraire (Bell. gall., lib. vi, cap. 33). A l’en croire, les Germains, en temps de guerre, choisissaient des chefs auxquels ils donnaient pouvoir de vie et de mort. C’est en vain que Juste-Lipse essaie de concilier les deux auteurs, en disant que César n’a parlé que des temps de guerre, et Tacite que des temps de paix. Ce qui suit, dans Tacite, prouve évidemment qu’il entend parler de l’un et de l’autre temps, et plutôt même de la guerre que de la paix : « En subissant le châtiment ordonné par les prêtres, ils ne croient pas, dit-il, obéir au commandement du chef, mais à celui du dieu qui préside aux batailles. » Oberlin, qui reconnaît cette contradiction, préfère l’autorité de Tacite à celle de César.

Le hasard ne préside point. Déjà, sous Néron, la plupart des soldats romains ne voulaient plus se marier, pour n’avoir pas à nourrir des enfans. Ce n’étaient plus, comme autrefois, des légions unies entre elles par un amour mutuel et par les mêmes sentimens d’affection pour la république ; c’étaient des gens inconnus les uns aux autres, tirés de divers corps, sans nulle affection mutuelle, et comme un assemblage de différentes espèces d’hommes placés ensemble tout à coup, et appelés seulement pour former un nombre de troupes. (Tacit., Annal., chap. xiv et xxvii.)

Des familles rassemblées. Ce fut cette coutume de mener avec eux leurs femmes et leurs enfans, qui mit les Germains en état de former un nouveau peuple partout où ils s’établissaient. Durant tout le temps de la chevalerie, les femmes suivaient les guerriers.