Page:Tagore - Le Jardinier d’amour, 1920.djvu/19

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lentement auprès de la rivière silencieuse.

De la cour de la maison déserte, et à la lumière d’une lune pâlie, on entend les chacals hurler en chœur.

Si quelque voyageur, errant loin de sa demeure, vient ici contempler la nuit et écouter, tête penchée, le chant des ténèbres, qui sera là pour lui chuchoter les secrets de la vie, si, fermant ma porte, je m’affranchis de toute obligation mortelle ?

Qu’importe que mes cheveux grisonnent.

Je suis toujours aussi jeune ou aussi vieux que le plus jeune et le plus vieux du village.

Les uns ont un sourire simple et doux, d’autres l’œil brillant de malice.

Ceux-ci ont des pleurs qui sourdent à la lumière du jour, ceux-là des larmes qui se cachent dans les ténèbres.

Tous ils ont besoin de moi, je n’ai pas le temps de méditer sur la vie à venir.

Je suis de l’âge de tous ; qu’importe si mes cheveux grisonnent ?