Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/16

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inopportune de se laisser mourir quelques semaines avant le retour, dans sa bonne Ville, du Prince qui règne sur Les Lys.

D’autres encore, pèlerins d’un soir, éblouis par le reflet d’une gloire si haute, approchaient le maître bien-aimé : Fernand Icres, poète brutal et truculent, venu sous les auspices de Léon Cladel, et que devait emporter bientôt une mort prématurée. Ainsi que l’auteur des Bouscassié, Icres apportait la sonorité d’une langue presque latine, étonnante et détonante, pleine d’emphase et de sauvagerie. En des vers d’un naturalisme forcené, rebelle aux citations, bramait une fervente et rudanière luxure qui faisait de lui comme une sorte de Lucrèce paysan, d’autant plus acharné aux délices de la vie, à l’amour, que, déjà, le soir étendait sur son front pâle un crépuscule menaçant.

Puis, c’était Edmond Haraucourt, né « poète lauréat », tout d’abord adapté aux cantates et, pour qui, dès sa première jeunesse, les méchants vers n’eurent aucun secret ; le pauvre Mac-Nab, grelottant et malpropre ; Emmanuel Signoret, malpropre aussi, mais