Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/163

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au nez des importuns, en attendant le mariage final, couronnement habituel de tous ces menus soins. La santé de Naquet, ruinée et défaite brusquement, comme si les rouages de cet organisme discord s’arrêtaient sur le champ, à la façon d’une horloge dont on a tordu quelque roue, était l’objet d’une inquiétude permanente. Il ne sortait guère, mais il recevait, chaque après-midi, ses camarades, ses amis, Charles Malato, le Dr Max Hulmann, et ce génie inconnu, Jacques Vieilh de Boisjoslin. Un grand et lumineux salon, aux quatre fenêtres donnant sur la rue du Docteur-Blanche et ses derniers arbres puis, en retour, sur le parc des Assomptionnistes, permettait aux visiteurs assez nombreux, nihilistes de passage, révolutionnaires étrangers, littérateurs et fidèles quotidiens, de se grouper ou de causer avec le maître de la maison. Étendu sur une chaise longue, enveloppé, dans toute saison, d’une large robe grise, le dos appuyé sur des coussins, on ne voyait de lui que sa belle tête aux cheveux argentés, sa barbe non moins blanche, ses yeux vifs, son nez d’une courbe