Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/101

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n’étoit flatté que de l’imitation exacte et fière de la nature qu’il avoit sous les yeux ; il méprisoit tous les ouvrages où ne se trouvoit pas cette imitation ; voilà ce qui lui donna tant de détracteurs : cependant Annibal Carrache et le Dominiquin brillèrent moins que lui pendant leur vie ; les choses ont bien changé depuis !

L’admiration que fait naître toutes les beautés qui frappent les yeux, celles du coloris, des effets de la lumière, celle qui tient à l’étonnement est bien plus prompte que celle qui naît de la noblesse des pensées et de la correction du dessin : l’une saisit au premier aspect, l’autre s’accroît par la réflexion ; elle est presque en raison de l’instruction, de la justesse, de l’élévation de l’esprit de celui qui l’éprouve ; tout le monde est susceptible de la première, bien moins de gens le sont de la seconde : l’une, enthousiaste d’abord, devient souvent mode, et donne une réputation qui s’affoiblit en vieillissant ; l’autre fait celle que la postérité confirme toujours et augmente le plus souvent.

On ne sauroit faire trop d’éloges de la force du coloris du Caravage, de la vérité de son clair-obscur, de la saillie qu’il a donnée à tous les objets qu’il a peints. Personne, mieux que lui, n’a fait disparoître la toile peinte. Dans