Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/100

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avantage de la peinture, c’est la première partie de ce bel art : on peut dire même que par elle l’art est, à quelques égards, au-dessus de la nature ; il la présente sous un aspect où elle se trouve rarement ; il rassemble des beautés qui sont rarement ensemble, il peut en offrir que beaucoup d’hommes n’ont jamais eu occasion de voir dans la nature même. Non-seulement il peint la beauté du corps, il peint encore celle de l’âme par les actions qu’il représente, et par la noblesse des expressions : l’art quelquefois a fait verser des pleurs ; Démosthène brûlant, il échauffe l’amour de la patrie ; nouveau Tirthée, il entraîne les guerriers au combat ; enchanteur puissant, il peut ranimer, faire naître toutes les passions ; il peut, du sein des morts, évoquer les peuples antiques et les présenter à nos yeux ; sous ses mains tonnent les Dieux, et les hommes souvent ont adoré ses ouvrages.

Par cette partie de la peinture, on arrive au plus haut degré de la gloire dans les beaux-arts ; c’est par elle que la Peinture et la Poésie sont sœurs ; avec elle on pardonne aisément de n’avoir pas les autres : cette partie savante et sublime, Michel-Ange de Caravage ne la possédoit point, il ne la cherchoit pas ; il