Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore distingué par une couleur locale tout-à-fait à lui, par une touche vive, spirituelle, qui lui est toute particulière. Son originalité est si frappante, qu’elle est aperçue par les gens les moins instruits.

Pour prouver combien il avoit cet enthousiasme dévorant, qui fait sentir et saisir les beautés ravissantes de la nature, il suffit de dire que dans un de ses voyages sur mer, au plus fort d’une violente tempête, ne connoissant d’autre danger que celui de ne pas bien jouir d’un si magnifique spectacle, il se fit attacher à un mât, pour mieux contempler, pour mieux étudier l’imposante majesté du désordre des élémens. Il est généralement regardé comme le peintre de marine qui approche le plus de la perfection ; d’autres ont eu des tons de couleur plus exactement vrais, ont mieux rendu quelques détails : Claude le Lorrain a mieux rendu la couleur de l’air et de la lumière, a fait des ciels, des mers d’une plus exacte vérité de ton. Backuizen et d’autres Hollandais, ont dessiné des vaisseaux plus correctement que lui, en ont mieux connu les différentes manœuvres ; mais Vernet a réuni plus de parties de son art qu’aucun d’eux ; il a plus de chaleur,