sceau à son originalité, c’est d’avoir apporté en naissant ce qui fait la force la plus entraînante des ouvrages du génie, la grâce, ce talisman enchanteur et puissant qui plaça l’immortel Apelle au-dessus de tous les peintres de l’antiquité : ce n’est point la grâce voluptueuse du Corrège, ce n’est point celle des statues antiques ; c’est une grâce douce et fière, naïve et majestueuse, tenant à des formes simples et nobles prises dans la nature ; elle naît aussi du mouvement qui anime toutes ses compositions, qui circule dans tous ses groupes, dans les attitudes, dans les formes, dans tous les traits de ses figures ; c’est cette flamme divine qui vit dans les ouvrages d’Homère, et qui a fait dire de lui ce qu’on pourroit dire de Raphaël : « tout ce qu’il a touché se convertit en or. »
Sa beauté est moins calculée, moins correcte, moins savante que celle des statues antiques ; elle n’est pas aussi belle, mais elle est plus touchante peut-être. Si le dessin de Raphaël ressembloit parfaitement à celui des statues grecques, on ne connoîtroit pas un nouveau genre de beautés : c’est cette admirable variété des ouvrages de l’esprit humain qui en fait pour nous le premier charme ; et