Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

efforts pour deviner le reste. Cette espèce d’obscurité donne souvent de l’intérêt à l’allégorie ; souvent elle en donne aux ouvrages de Lairesse : par cette raison on a beaucoup de choses à lui reprocher lorsqu’il traite les sujets historiques, où il y a toujours une donnée exigée par les hommes instruits ; et quoique son génie se montre partout, lorsqu’il a peint des sujets de la religion chrétienne, on sent qu’il n’étoit pas fait pour rendre des scènes où la simplicité, l’onction, un caractère grave sont absolument nécessaires. Quelqu’agréable que soit la peinture de l’Extase de Sainte Thérèse, elle prouve qu’il sentoit bien moins les grâces célestes des anges que celles des amours. Il n’imite rien avec justesse ; partout il se peint lui-même, partout son imagination brillante prodigue sa richesse et sa fécondité ; on sent que ses attraits enchanteurs l’ont souvent entraîné plus loin qu’il ne comptoit aller : eh ! qui peut, guidé par une fée, s’arrêter dans un chemin de fleurs ! Aussi les sujets où il a le mieux réussi sont-ils ceux de la mythologie ; c’est dans les bacchanales et les orgies antiques, qu’il est véritablement neuf ; ce n’est même que là qu’il est un peintre supérieur ; personne n’a rendu comme