Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/155

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lui les débauches religieuses des anciens.

Pour céder sans remords à tous leurs désirs, les hommes se sont faits des dieux agités, dévorés des mêmes passions qu’eux ; ils se sont faits des dieux d’autant plus fortement passionnés, qu’ils étoient dieux ; et plus les hommes avoient de piété, plus, égarés par la superstition, ils cherchoient à leur ressembler.

C’est de cette croyance bizarre que sont nées ces fêtes de luxure si scrupuleusement célébrées chez les anciens ; et ce sont ces mystiques assemblées de débauche dont Lairesse a si bien senti le caractère, et dont personne n’a rendu avec autant de feu et de poésie le saint désordre et l’esprit hiéroglyphique : personne aussi n’a senti comme lui l’espèce de décoration qui convient aux chapelles de ces fêtes de volupté ; il faut convenir cependant qu’il semble ne les avoir peintes que dans un but moral : il les a toujours accompagnées d’allégories qui tendent à dévoiler ce qu’elles ont de honteux. On diroit qu’il n’a voulu peindre la volupté que pour en faire voir les dangereuses suites ; suites affreuses qu’il ne connut que trop lui-même. Peut-être pourroit-on dire que son goût l’entraînant à peindre de semblables sujets, pour s’arranger avec