Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/184

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belles ordonnances, ce pompeux assemblage de tant de grandes parties de la peinture ! il a fait surtout la défaite de Porus, cette sublime conception où se trouvent rassemblées tant de différentes beautés, à un si haut degré ; où, dans un riche paysage, sur un vaste champ de bataille jonché de guerriers, de chevaux, d’éléphans, victimes de la fureur des combats, un jeune vainqueur, entouré de ses drapeaux triomphans et des compagnons de sa gloire, cherche à calmer le courroux d’un héros terrible et gigantesque, baigné de son sang, porté par des soldats, désespéré de n’avoir pu trouver la mort avant d’avoir connu la honte.

Si les batailles de le Brun n’ont pas dans les détails toute l’énergie de celles de Raphaël et de Jules Romain, elles réunissent tant d’autres beautés, elles ont un ensemble si héroïque, si neuf ; il y règne tant de goût, tant de magnificence, qu’elles suffisent seules pour placer leur auteur à côté des plus grands peintres. On dira peut-être ce qu’on a répété tant de fois, que les estampes de Gérard Audran, supérieures aux tableaux de le Brun, ont fait toute leur réputation. Je rends justice au rare talent de Gérard Audran, je sais que ses estampes des batailles d’Alexandre sont des