Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/194

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son talent auroit pu être porté. À peine avoit-il fait quelques études à Rome, qu’il eut une dispute avec un peintre, qui le menaça de déclarer au Saint-Office qu’il étoit calviniste : effrayé, il quitta promptement cette ville fameuse, fut à Venise, où il ne fit que passer, et revint en France.

Les ouvrages qu’il peignit à son retour, pleins de feu et des souvenirs de tout ce qu’il avoit vu de beau dans son rapide voyage, donnoient les plus brillantes espérances à cause de la jeunesse de l’auteur. Ses tableaux, quoique peu terminés, se vendant très-bien, il ne se donna pas la peine de les finir davantage ; et il s’occupa bien moins à les étudier qu’à les peindre promptement ; peut-être aussi n’avoit-il pas reçu de la nature cette tenue, ce courage de l’esprit qui par un travail constant lui donne les moyens de perfectionner tout ce qu’il enfante. Un des principaux caractères de ses ouvrages, est d’être abondans, faciles et peu terminés ; de tenir de presque tous les maîtres, et de n’avoir l’air ni de copies, ni de pastiches ; d’avoir même une originalité bien prononcée : il a imprimé à ses nombreux larcins une physionomie qui lui en assure la propriété. Il avoit bien cette