Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/220

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les parties, pour lesquelles elle ne nous a pas organisé d’une façon particulière. Cicéron a dit : « fiunt oratores ; » Cicéron s’est trompé : non, non, les hommes ne font d’eux-mêmes rien de marquant, la nature seule fait le grand.

Jordaens a peint beaucoup de tableaux d’histoire, et principalement beaucoup de sujets de la religion catholique : là il a montré combien son style étoit au-dessous de ses sujets, combien il lui manquoit d’élévation d’esprit pour arriver à leur hauteur ; là il a prouvé combien il étoit inférieur à Rubens dans la composition, dans le dessin et dans la grandeur des pensées.

Oseroit-on même dire que son dessin ressemble exactement à la nature la plus commune ? L’on a bien de la peine à croire que les hommes de son pays puissent (les têtes exceptées) ressembler à ceux qu’il a peints le plus souvent ; qu’ils aient des os si tourmentés, des formes si bizarres et presque toujours risibles. Quoiqu’il n’ait pas du tout le style qui convient aux sujets héroïques, ceux qu’il a peints intéressent cependant beaucoup, indépendamment de la force du coloris, parce qu’ils sont pleins de feu dans presque toutes