Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/225

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pour s’occuper de ces deux parties principales, avoir négligé toutes les autres. Il est foible dans le coloris, et il s’est rarement occupé de l’harmonie et de la juste dégradation de la lumière : malgré tout ce qu’il n’avoit pas, ses ouvrages, qui souvent ne paroissent pas assez terminés, plaisent par leur imposante hardiesse autant que les tableaux les plus finis.

Dans sa jeunesse, ayant travaillé long-temps avec Raphaël, long-temps exécuté ses dessins, il en avoit si bien pris le style que son originalité n’étoit pas alors assez prononcée ; et il étoit d’autant plus au-dessous de son maître qu’il lui ressembloit davantage. Après la mort de Raphaël, abandonné à son propre génie, il prit un caractère tout-à-fait à lui. Il avoit beaucoup étudié les colonnes Trajane, Antonine et Théodose ; ce fut d’après ces monumens qu’il forma son goût d’ajustement militaire : mais il a italianisé et, pour ainsi dire, barbarisé le style pur et simple de l’antique. Ami des poëtes célèbres de l’Italie, poëte lui-même, il mit dans ses tableaux le goût de la littérature de son temps ; lorsqu’il a voulu représenter des Grecs ou des Romains, il a toujours peint les braves des