Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/231

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antiques, et il s’est élevé jusqu’au sublime de la laideur.

Ses sujets sont presque les mêmes que ceux de Teniers, et cependant il ne lui ressemble pas. Ses héros sont des ouvriers, des paysans Hollandais, des buveurs, des fumeurs, des joueurs. Parmi eux il semble avoir choisi ceux dont les formes étoient plus risiblement basses ; les compagnes qu’il leur a données sont toujours bien dignes d’eux. Quelquefois il les peint dansant au bruit discordant des violons du village ; on ne peut rendre avec plus de vérité leur franche et bruyante gaieté, et leur naïve et comique prétention à l’art de plaire ; souvent il les offre au milieu de leur ménage ; c’est là qu’il a rendu, avec une vérité frappante, avec une sorte d’enthousiasme, l’intérieur d’un ménage de paysans, où le père, la mère, la grand’mère, et une nichée de petits enfans bien laids, bien sales, bien morveux, mangent, couchent, satisfont à tous les besoins de la nature, entassés dans la même chambre, où sont ensemble confondus les outils de leur profession, de leur cuisine et de leur parure. On ne sauroit mettre plus de chaleur, plus d’harmonie de lumière et de couleur, qu’il en a mis dans