Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/250

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miniquin est un de ceux qui ont porté l’expression au plus haut degré ; le Poussin le nommoit le premier dans cette partie de son art : j’ose cependant me permettre de dire que, pour être plus juste, il pourrait quelquefois être plus élevé et plus brûlant ; c’est particulièrement lorsqu’il peint les passions, les expressions de la foiblesse, celles des femmes tendres, des jeunes filles, qu’il est plus original et plus admirable encore. Il a bien senti cette espèce d’incertitude et de vacillation, un des caractères, un des charmes de la foiblesse et de l’enfance. Ses femmes ont souvent cette grâce judaïque qui respire dans Athalie et dans Esther : personne n’eût mieux peint que lui les touchantes compagnes de l’épouse d’Assuérus, ces filles de Sion, captives gémissantes loin des bords du Jourdain ; et l’on peut dire que personne n’exprima comme lui les grâces de l’innocence et du sentiment ; celles que donnoient à des âmes simples ce dévouement, cette foi parfaite des premiers jours du christianisme : pour s’en convaincre, on peut se rappeler la chapelle de Sainte Cécile, peinte à Saint Louis des Français à Rome ; on peut se transporter devant le tableau du Rosaire, exposé au Musée Napo-