Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/254

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Le Dominiquin a dans sa manière de rendre la nature, cette bonhomie, cette simplicité originale et touchante qui nous intéresse tant dans les productions de La Fontaine. Ils ont beaucoup de rapports dans leurs défauts, dans leurs aimables négligences ; il semble que leurs personnes, leur manière d’être devoient en avoir beaucoup aussi ; il semble qu’Annibal Carrache, étant avec son frère Augustin, avec le Guide, avec l’Albane, auroit pu dire du Dominiquin, ce que Molière disoit un jour de La Fontaine, à Chapelle, à Boileau et à d’autres : « Il est assez bête pour croire que nous avons plus d’esprit que lui. »

Quoique le Dominiquin ait peint les angles de Saint André de Laval, et le tableau fameux de Grotta Ferrata, où il a su rendre si attendrissant un jeune homme possédé du démon ; quoiqu’il ait fait la peinture sublime de la Communion de Saint Jérôme, et celle du Martyre de Saint André, on doit pourtant convenir qu’il n’est pas toujours élevé dans ses compositions, et qu’il a quelquefois des pensées triviales ; mais les compositions mêmes où l’on peut, avec justice, lui reprocher ce défaut, ont une simplicité qui charme ;