Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/255

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elles ressemblent à celles des jeunes gens peu instruits des principes de leur art, qui, guidés seulement par un instinct heureux, joignent à des gaucheries des idées souvent plus vraies et plus attachantes que celles des artistes consommés. S’il n’a pas toujours de la grandeur dans ses ordonnances, il en a toujours dans les détails ; c’est aussi dans les détails, et non pas dans l’ensemble qu’il est souvent coloriste très-vrai et très-vigoureux.

Il n’avoit pas l’espèce de poésie qui convient aux sujets de la Mythologie, et à ceux des temps héroïques de la Grèce ; son Sacrifice d’Iphigénie ressemble au martyre d’une vierge chrétienne. Il ne possédoit pas cette entente générale qui charme les yeux au premier aspect, cette magie produite par l’harmonie des lignes de la composition, et par celle de la couleur et de la lumière : mais s’il n’a pas cet avantage, il nous en dédommage bien, puisque de tous les grands peintres, c’est celui qui va le plus au cœur ; c’est aussi celui dont la réputation a été toujours en croissant. Son siècle n’a pas rendu assez de justice à son mérite, et lui a souvent préféré des rivaux qui lui étoient bien inférieurs ; par les peines qu’ils lui ont fait souffrir, ils