Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/262

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Henri IV meurt : Bellone, la Victoire remplissent les airs de leurs gémissemens ; le Temps élève le héros dans les cieux, l’Olympe s’offre à nos regards ; Jupiter s’avance et reçoit lui-même Henri dans ses bras : le spectateur lit d’un regard le plus bel éloge qu’on puisse faire d’un grand homme ; il voit ses actions éclatantes ; et là sont présens tous ses triomphes. Dans le même tableau il est instruit de ce qui a suivi cette mort funeste ; il apprend que le gouvernement passa sans trouble entre les mains de Marie de Médicis. Si le peintre eut représenté Henri sanglant, porté aux pieds de l’escalier du Louvre, au milieu d’un peuple au désespoir, sans doute ce tableau auroit excité de plus grandes émotions ; mais aussi, que de haines, que d’accusations peut-être injustes il eût pu réveiller ! Par l’allégorie, un héros, un demi-dieu abandonne la terre, il rejette une dépouille grossière et s’élance à l’immortalité. Le détail des avantages que Rubens a tirés de l’allégorie dans sa célèbre Galerie du Luxembourg, seroit trop long, et passeroit les bornes que nous nous sommes prescrites ; on pourra s’en instruire mieux en voyant ce beau monument de la peinture moderne : on y verra que Ru-