Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/274

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temple, ne peut venir que d’une force divine. Les animaux y sont disposés et peints avec beaucoup de chaleur, et avec infiniment plus de vérité que n’en ont ordinairement les animaux peints dans les plus beaux tableaux d’histoire.

Ses ouvrages ont encore un intérêt particulier, c’est d’offrir ensemble le commencement du goût maniéré du règne de Louis XV, et les restes imposans de celui de Louis XIV, qu’on retrouve toujours avec un saint respect. Nous devons d’autant plus tenir à la gloire du talent de Jouvenet, qu’elle appartient tout-à-fait à sa patrie, qu’il ne quitta jamais : circonstance qui pourtant fait naître des regrets ; et l’on est fâché qu’il n’ait pas connu la belle Italie ; l’on est fâché que célèbre trop tôt, trop jeune chargé d’importans et de nombreux travaux, il n’ait pas eu ces loisirs heureux, où le génie solitaire, inconnu, se fortifie par de profondes études, et en retardant son vol, s’assure des moyens de le rendre plus impétueux et plus élevé. Ce qui peut cependant nous consoler, c’est que ses productions plus terminées, plus approchant de la perfection, eussent peut-être été moins neuves, et eussent fait, avec les autres