Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de les quitter, dans lesquelles les troupeaux peuvent, en assurance, paître des herbes salutaires, et s’abreuver d’eaux limpides et pures ; où tous les objets empreints d’une teinte de bonheur, retracent la douce image des jardins paisibles d’Éden !

Dans le choix de tous ses sujets, Salvator Rosa est encore le même. Peint-il des sujets historiques ! c’est Régulus enfermé dans un tonneau hérissé de clous ; c’est le tyran Policrate, si fameux par ses richesses, attaché à un infâme gibet. Peint-il la religion chrétienne ou juive ! il fait voir le supplice horrible d’un martyr, et l’ombre de Samuël apparoissant à Saul épouvanté. Veut-il retracer la riche et brillante mythologie ! il choisit Glaucus et Sylla, ou Jason assoupissant par une liqueur un monstre moins effroyable que lui ; il choisit les Tytans, épouvantables enfans de la Terre, foudroyés, précipités, écrasés sous des rochers.

Si quelquefois il veut peindre des objets plus aimables, ils cessent de l’être par la manière dont il les rend. S’il offre Saint Jean annonçant la venue d’un Dieu sauveur du monde, ou Platon par ses hautes leçons guidant de jeunes cœurs vers la sagesse et la vertu ; les philosophes, le saint inspiré et les hommes simples