Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/31

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qui l’écoutent, ressemblent à des voleurs de grands chemins.

La vue de ses ouvrages fait réfléchir et rêver sombrement ; et chez lui, la philosophie ne présente jamais que de dures vérités. Au milieu de tombeaux solitaires et ruinés, il a peint Démocrite environné d’ossemens d’hommes et d’animaux de toute espèce, ensemble confondus. Le philosophe les regarde avec un rire amer, et, la tête appuyée sur sa main, il semble dire : « hommes insensés, peut-on ne pas rire de vos innombrables projets, en voyant comment ils finissent ? »

On conçoit aisément qu’un tel homme devoit bien peindre des batailles ; c’est aussi dans ce genre qu’il a principalement excellé, c’est là que se déploie avec aisance l’énergique et originale âpreté de son caractère. Sa grande Bataille, conservée au Musée Napoléon, est surtout un ouvrage admirable : une poésie de carnage anime la scène ; les ruines solitaires d’un palais, une vaste et aride plaine, des montagnes sauvages, le ciel, tous les objets de ce tableau ont un aspect funeste, et semblent avoir été faits pour ne retentir que de cris funèbres. La dureté de la couleur, la fierté de la manière de peindre font un accord parfait avec