Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/36

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excita l’enthousiasme ; chanté par l’admiration et par la mode, il fut chargé d’une quantité prodigieuse d’ouvrages ; on ne voyoit pas d’églises, de palais, de maisons considérables, qui ne fussent ornées de ses productions. Ce furent ces immenses travaux qui, en accroissant sa fortune et sa renommée, l’empêchèrent de soigner assez ses ouvrages, pour leur donner le degré de perfection auquel il auroit pu les porter, en y employant plus de temps. Il fut forcé de se faire une manière expéditive, où les pensées souvent ordinaires ne sont pas exécutées avec assez de soin ; où les masses sont larges, agréables aux yeux, mais où rien n’est profond. La facilité qu’il avoit à faire promptement des portraits ressemblans, accrut aussi sa vogue : il fit ceux du roi et des seigneurs de sa cour : il enseignoit à ce monarque à en faire lui-même ; et les courtisans les trouvoient sans doute parfaits. Ses tableaux, sa brillante faveur lui procurèrent un nombre prodigieux d’élèves, qui, preneurs naturels de leur maître, trompettes retentissantes dans tous les quartiers de Paris, augmentèrent encore beaucoup sa bruyante célébrité.

Vouet forma son talent, en Italie, dans le