Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/77

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Il a mis peu de figures dans ses tableaux ; elles ne sont pas même toujours heureuses ; ses bergers ne sont pas ceux de l’âge d’or, ni les pasteurs de la belle Arcadie. Il a peint quelquefois de bons pâtres Flamands qui ont de la vérité, et particulièrement le caractère de leur pays et de leur profession.

On ne trouve point dans ses ciels ces larges et belles formes de nuages, ces fiers déchiremens si bien sentis par Vernet ; ils sont, en général, mous et cotonneux, mais ils sont de la plus grande justesse de ton, et leur mollesse même contribue à l’effet de ses ouvrages, en faisant ressortir la touche ferme et la couleur vigoureuse de ses devans. Aucun homme n’a prouvé mieux que lui, qu’on peut faire des tableaux très-intéressans avec peu d’objets, quand ils sont bien vrais, et qu’on a bien saisi ce qui les rend attachans dans la nature. Souvent un peu de terrain couvert de gazon, quelques fleurs des champs, un mouton, un arbrisseau, un ciel presque sans nuages, lui ont fait faire un tableau délicieux, qui charme et les yeux et le cœur, et que l’on met toujours à un très-haut prix.

Quoiqu’en puisse penser et dire un écrivain de nos jours, il n’y a point de lieu plus