Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/78

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favorable aux méditations d’un philosophe qu’une galerie de tableaux. Que de volumes seroient employés à décrire tout ce que la peinture y présente à ses yeux en un instant ! Là, semble s’ouvrir pour lui le grand livre de la nature ; auprès des portraits des bienfaiteurs de l’humanité, il voit ceux de ces illustres Érostrates, qui ne doivent leur renommée qu’à tous les maux qu’ils ont faits ; il voit encore les traits enchanteurs de ces femmes adorées, causes souvent des révolutions des États ; qui ont porté dans les âmes, tant de douleurs et tant de joie, et qui sont tombées comme les roses qui paroient leur front. Sous ses yeux, les plus puissans empires de la terre se heurtent et se dévorent pour de foibles intérêts ; une foule de climats différent, les vices, les vertus, les actions héroïques, s’offrent à la fois à ses regards, et les siècles s’écoulent devant lui avec la rapidité d’un coup d’œil. Après avoir vu le spectacle des folies et des cruautés que l’avarice, l’orgueil, la foiblesse, la superstition ont fait faire aux hommes, de quels nouveaux sentimens, de quelles nouvelles idées son esprit et son cœur ne se remplissent-ils pas en rencontrant les paysages nobles et touchans du Poussin, de Claude le