Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/81

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les plus heureuses, les mieux variées, les effets les mieux contrastés ; et ils ont en même temps une naïveté qui attache. Ses attitudes sont celles qui conviennent parfaitement aux sujets ; elles sont composées et dessinées avec tant de goût, qu’on est tenté de croire qu’elles ne sont que l’ouvrage de l’art ; elles sont si vraies, qu’elles ne semblent que copiées d’après nature.

Voyez au Musée Napoléon, ce tableau de Saint Paul, prêchant à Éphèse ; un saint enthousiasme embrase, à sa voix, tous ceux qui l’environnent ; tous dévorent ses pensées, quelques-uns les écrivent ; les livres des savans et des philosophes sont déchirés ; ils sont livrés à la fureur des flammes : que de vérité et de poésie ! que d’ordre et de mouvement dans ce tableau ! Dans cet autre chef-d’œuvre, deux jeunes martyrs de l’intolérance religieuse, sont entraînés aux pieds des autels : comme leur modeste candeur, leur imposante tranquillité contraste bien avec la force et la violence des soldats ! Ils ne voient point tout ce qui les environne ; ils ne sentent plus rien sur la terre ; et leur âme ravie jouit déjà de la béatitude : que de grandeur et de simplicité dans cette composition !