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Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/99

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des parties de la peinture, et le but qu’elle a dû avoir avant tous les autres. Le Caravage est un de ceux qui l’ont approché de plus près. À la force, à la vérité du clair-obscur, il joint la force et la vérité de la couleur, et c’est là un de ses caractères distinctifs : pour obtenir ces vérités, il affecta d’éclairer les objets d’en haut avec des lumières étroites, il donna à la nature qu’il imitoit, des masses d’ombre larges et vigoureuses, qui accroissoient beaucoup l’éclat des lumières : ces moyens, dont il a tiré grand parti, sont une des choses qui le caractérisent le mieux. Ils ont cependant été employés par d’autres ; mais il est le premier qui s’en soit servi pour faire des ouvrages célèbres. Cette manière neuve séduisit l’Italie, et fit au Caravage une réputation étonnante. Manfrède, le Valentin, l’Espagnolet, le Guerchin, furent ceux qui, dans la même route, eurent de plus brillans succès ; ils y mirent pourtant des nuances particulières qu’il est aisé d’apercevoir, et qui déterminent leur originalité.

Choisir ce que la nature produit de plus aimable, de plus grand et de plus noble, peindre la grâce et l’expression, toucher, instruire, élever l’âme, c’est le plus précieux