Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/126

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pagne rôties au soleil ; c’est une sorte de lèpre bourgeoise ; rien de plus laid et de plus fatigant ; on dirait qu’on marche dans un fond de bouteille cassée, peuplé de tessons. Baraques improvisées de tout genre, linge qui sèche, gargotes, murs de pierres entassées sans ciment, et, çà et là, un malheureux olivier. Tous ces gens-là se contentent du soleil et du ciel, et n’ont pas besoin d’arbres.

Cependant, en avançant, des jardins, des pins se montrent. M. Talabot a fait amener de Sicile 600 000 voitures de terre et en a couvert une colline qu’il a plantée. Il a l’eau perdue du canal, ce qui lui fait une ample cascade. — Nous nous sommes assis sur des rochers qui surplombent. Ils sont tout concassés, blancs, mais d’un beau blanc de marbre qui est en harmonie avec le soleil. Dans les fentes pousse une sorte de plante grasse, et les abeilles bourdonnent à l’entour. La mer vient baiser la plage, ou heurte doucement les roches mouillées. Elle est si transparente qu’on voit le fond à trois pieds — les eaux de cristal des Pyrénées ne sont pas plus pures. Les inégalités de l’eau font