Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/17

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triomphante, sur toutes ces verdures attristées.

Douai est une vieille ville catholique, parlementaire, lettrée, « l’Athènes du Nord », dit-on. Beaucoup de magistrature riche, qui a de la morgue et vit chez soi confortablement, reçoit à dîner savamment. Dix ou douze personnes donnent des bals l’hiver. La basse économie ne règne pas ; plusieurs ont voiture, des terres, un luxe bien entendu. — Ils suivent les cours ; M. A… a deux ou trois cents auditeurs l’hiver et cent l’été.

J’ai retrouvé plusieurs anciens camarades. X… d’abord : une maison entière avec jardin, porte sur la Scarpe, communs, pour douze cents francs. Sa femme est une Bordelaise ; ils se sont mariés par goût ; elle est tombée malade et s’est guérie deux fois plus vite en obtenant de l’épouser au sortir du lit. Elle nous reçoit en tablier de couleur, sortant de sa cuisine. Facilité de parole méridionale. « Je m’occupe de mon intérieur, mon mari m’en gronde, alors je lui réponds qu’il aime bien qu’un plat soit bien fait. Il voudrait que j’aille dans le monde ; je n’y suis pas encore allée depuis trois