Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/221

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des oliviers souffreteux, parmi des myriades de cailloux et des rocs nus, desséchés, blanchâtres ; parfois un quart de lieue de côte démantelée et stérile ; à l’horizon, des hauteurs dégarnies allongeant les unes au-dessus des autres leurs squelettes de pierre ; l’homme a tout mangé, il ne reste rien de vivant ; de misérables herbes épineuses, de petites broussailles vivaces se blottissent dans les creux, sur les escarpements. La terre elle-même manque, elle a été grattée et ratissée ; les forêts une fois détruites, les rivières sont devenues torrents et l’ont raclée, emportant avec elles tout ce qui alimente la vie. Il ne reste plus que la charpente primitive du sol et le terrible soleil. En avançant au delà de Tarascon, on trouve des lits de rivières sans une goutte d’eau, immenses épanchements de cailloux et de sable au-dessus desquels passe un pont attendant les crues de l’hiver ; puis sur les rives des villes encore à demi romaines, gardant des colonnes, des théâtres, des temples, des cirques, parfois montrant dans leurs vieilles bâtisses féodales des pierres romaines, des sculptures antiques employées comme moellons,