Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/279

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Une maison a enserré sa cour entre quatre de ces blocs gigantesques ; des légumes y poussent ; des champs de millet les bordent de leurs panaches pâles et tombants ; les poules y grimpent. — Là, l’effet est frappant ; un bout de culture et de civilisation régulière, soignée, fait comprendre le lointain de cette barbarie. Impossible de concevoir un monument plus voisin de la nature : sauf la régularité et l’orientation des files, ce temple est une moraine. Un téménos grec, un templum primitif, étrusque ou romain, était-il autre chose ?

Sur la côte et plus avant dans les terres, quelques grands dolmens ; c’est un cercle de pierres brutes dressées, sur lequel une autre pierre plate énorme, brute aussi, a été posée en guise de couvercle ; elle ne pose que par trois ou quatre endroits. On n’imagine pas une invention plus primitive : il y a des accidents semblables dans les éboulements de rochers. On entre dans cette caverne plus bas, parfois par une longue rigole ; les Papous, les Vitiens pourraient prendre un pareil endroit pour autel. Étaient-ce des tombeaux ? On nous montre