Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/299

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célèbre, mes amis d’ici le comparent au père Onofrio de George Sand dans Mlle de la Quintinie. Il convertit violemment et parfois reçoit des coups de bâton des pères ou des maris. Dernièrement, après un sermon, il a conduit tout son auditoire au cimetière et là, avec des torches sur les tombes, il a parlé des vers, de la pourriture, du feu de l’enfer. Mme de…, qui a perdu dernièrement son fils aîné, a été emportée avec des attaques de nerfs. — À Cahors, une des plus jolies filles de la ville s’est faite religieuse ; quand elle parut dans l’église le jour de sa vêture en vêtements blancs de mariée, les hommes murmuraient, s’indignaient : « Quel dommage ! C’est un meurtre. » — Le tumulte a été tel, qu’on n’a pu achever la cérémonie. — C’est le monde brillant, le bal qui est le grand ennemi. Les directeurs défendent à une jeune fille d’aller au bal. Notre jeune fille, toute pieuse à quinze ans, pleurait parce qu’on voulait l’y conduire : il s’agissait d’une fête de famille ; son confesseur est intervenu ; le père a insisté disant qu’il y était obligé, que ses filles ne feraient que deux tours. Le lendemain, l’ima-