Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils vivent dans les cadres et sous l’administration du Nord.

Pour la religion pareillement, ils sont Italiens. — Soixante-quatre couvents, je crois, à Toulouse. J’ai vu à la campagne celui des Trappistines ; elles ne sortent jamais, travaillent à la terre de leurs mains, se confessent par une grille, se lèvent à une heure du matin, dorment dans l’après-midi de une heure à deux. J’en voyais une vaguer dans le jardin dans sa longue robe d’un blanc jaunâtre, comme un maigre spectre lent et maladif au milieu du paysage éclatant et coloré. Il y en a quatre-vingts. Quelle dépopulation dans les familles ! Une jeune fille nous cite trois de ses amies devenues religieuses ; on les prend à l’âge où le sexe fait explosion et où la tête est enthousiaste. L’une d’elles disait à sa mère éplorée : « Ma pauvre maman, vous auriez voulu me donner à un homme, mais j’aime bien mieux avoir Jésus-Christ pour époux ; un jour, nous serons tous ensemble dans le ciel. » À l’âge des désirs vagues, le Jésus céleste et pourtant homme est l’époux incorporel auquel aspire le désir voilé de pudeur. — Un prédicateur est