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Page:Taine - De l’intelligence, t. 1, 1888.djvu/21

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PRÉFACE 11

masse pesante, le second dans lequel elle reste dis- ponible et ne se dépense pas, par exemple lorsque la masse pesante est immobile au terme de sa course, on découvre que toutes les diminutions ou tous les accroissements que la force reçoit sous l’une de ces deux formes sont exactement compensés par les ac- croissements ou par les diminutions qu’elle reçoit en même temps sous l’autre forme, partant que la somme de la force disponible et de la force en exercice, en d’autres termes, l’énergie, comme on l’appelle aujour- d’hui, est dans la nature une quantité constante. On saisit là quelque chose d’éternel ; le fond immuable des êtres est atteint ; on a touché la substance per- manente. Nous ne la touchons que du doigt ; mais il n’est pas défendu d’espérer qu’un jour nous pourrons étendre la main, et dès à présent, ce semble, nous pourrions l’étendre. — En effet, la loi découverte pré- suppose deux conditions. — En premier lieu, dans les derni.ers éléments mobiles, il faut qu’il y ait une autre force que celle de la masse multipliée par la vitesse, qui est une force en exercice ; car, autrement, cette force se dépenserait plus ou moins complètement dans les chocs, sans que sa diminution, plus ou moins grande, fût compensée par un accroissement égal de la force disponible. Il y a donc dans les derniers élé- ments mobiles une ou plusieurs forces capables de devenir disponibles, attraction, répulsion, qui crois- sent à mesure que leur opposition fait décroître la force en exercice et qui la représentent tout entière sous forme de recette, après qu’elle a disparu sous