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Page:Taine - Le Positivisme anglais, 1864.djvu/162

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trement ; s’il prouvait enfin qu’il n’y a point d’autres d’éléments, et qu’il ne peut y en avoir d’autres, il aurait esquissé une métaphysique sans empiéter sur les sciences positives, et touché la source sans être obligé de descendre jusqu’au terme de tous les ruisseaux.

À mon avis, ces deux grandes opérations, l’expérience telle que vous l’avez décrite et l’abstraction telle que j’ai essayé de la définir, font à elles deux toutes les ressources de l’esprit humain. L’une est la direction pratique, l’autre la direction spéculative. La première conduit à considérer la nature comme une rencontre de faits, la seconde comme un système de lois : employée seule, la première est anglaise ; employée seule, la seconde est allemande. S’il y a une place entre les deux nations, c’est la nôtre. Nous avons élargi les idées anglaises au XVIIIe siècle ; nous pouvons, au XIXe siècle, préciser les idées allemandes. Notre affaire est de tempérer, de corriger, de compléter les deux esprits l’un par l’autre, de les fondre en un