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LE RÉGIME MODERNE


diverses institutions universitaires, acquérir sur tous les sujets des informations complètes et se donner l’éducation compréhensive. — Qu’il y ait, dans le système, des inconvénients très graves, par exemple l’internat, les pères, qui l’ont subi, s’y résignent pour leurs fils. Qu’il y ait, dans le système, des lacunes très grandes, par exemple le manque d’universités véritables, le public, qui n’a pas vu l’étranger et ignore l’histoire, ne s’en aperçoit pas. En vain, à propos de l’instruction publique en Allemagne, M. Cousin, dans son rapport éloquent de 1834, comme autrefois Cuvier dans son rapport discret de 1811, signale cette lacune ; en vain M. Guizot, ministre, se propose de la combler : « Je ne rencontrai point, dit-il[1], de forte opinion publique qui me pressât d’accomplir, dans le haut enseignement, quelque œuvre générale et nouvelle. En fait d’instruction supérieure, le public, à cette époque,… n’était préoccupé d’aucune grande idée, d’aucun impatient désir… Le haut enseignement tel qu’il était constitué et donné suffisait aux besoins pratiques de la société, qui le considérait avec un mélange de satisfaction et d’indifférence. »

En matière d’éducation, non seulement pour ce troisième stade, mais encore pour les deux premiers, à l’endroit de leurs objets, de leurs effets, de leurs méthodes et de leurs limites, l’opinion est apathique ; la belle science qui, au XVIIIe siècle, avec Jean-Jacques, Condillac, Valentin Haüy, l’abbé de l’Épée et tant

  1. M. Guizot, Mémoires, II.