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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« ses hommes à moustaches, soixante-huit coupe-jarrets qui sont la terreur des quartiers environnants » ; dans les cafés ou aux foyers des théâtres, on les voit tout à coup « tirer leurs grands sabres » et dire à des gens inoffensifs : « Je suis un tel, et, si tu me regardes avec mépris, je te hache. » — « Encore quelques mois, et, sous le commandement d’un aide de camp de Henriot, une escouade de cette bande volera et chauffera les paysans aux environs de Corbeil et de Meaux[1]. En attendant, à Paris même, on chauffe, on vole et on viole dans les grandes occasions. Le 25 et le 26 février 1793[2], chez les épiciers grands ou petits, « sauf chez quelques-uns jacobins »,

    nislas Maillard, 32 à 42. (Rapport de Fabre d’Églantine sur Maillard, 17 décembre 1793.) Décrété d’accusation avec Ronsin et Vincent, Maillard publie son apologie, et l’on y voit qu’il exerçait déjà avant le 31 mai, au club de la rue Favart : « Je suis un des sociétaires de cette réunion de vrais patriotes, et je m’en fais honneur ; car c’est de là qu’est partie l’étincelle de la sainte insurrection du 31 mai. »

  1. Alexandre Sorel, ib. (Dénonciation du fait par Lecointre, 14 décembre 1793, avec procès-verbaux des juges de paix). — Archives nationales, F7. 3268. Lettre du directoire de Corbeil au ministre, avec procès-verbal, 28 novembre 1792. Le 26 novembre, huit ou dix hommes armés, fantassins, et plusieurs autres, cavaliers, sont entrés chez Ruelle, fermier à la ferme des Folies, commune de Lisse. Ils ont sabré Ruelle, puis lui ont mis la tête dans un sac, lui ont donné un coup de pied dans le visage, l’ont supplicié, ont presque étouffé sa femme et ses deux servantes, pour lui faire livrer son argent. Un charretier a reçu un coup de pistolet dans l’épaule et deux coups de sabre ; les autres valets et batteurs en grange ont été liés et attachés comme des veaux. Enfin les bandits sont partis, emportant l’argenterie, une montre, des bagues, des dentelles, deux fusils, etc.
  2. Moniteur, XV, 565. — Buchez et Roux, XXIV, 335 et suivantes. — Rétif de la Bretonne, Nuits de Paris, VIII, 360 (témoin oculaire). Les derniers détails sont de lui.


  la révolution. iv.
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