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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« la liste des aristocrates et royalistes qui ont voté l’appel au peuple[1] ». Quelques-uns des appelants sont signalés nominativement par des placards, et Thibault, évêque du Cantal, occupé à lire sur un mur l’affiche qui le concerne, entend dire à ses côtés : « Je voudrais bien connaître cet évêque du Cantal, je lui ferais passer le goût du pain. » Des tape-dur montrent du doigt des députés qui sortent de séance, et crient : « Il faut écharper ces gueux-là ! » — De semaine en semaine les signes avant-coureurs d’une insurrection se suivent et se multiplient, comme les éclairs dans un ciel chargé d’orages. Le 1er  janvier, « le bruit court que les barrières doivent être fermées la nuit même et que les visites domiciliaires vont recommencer[2] ». Le 7 janvier, sur la motion des Gravilliers, la Commune demande au ministre de la guerre 132 canons qui sont aux magasins de Saint-Denis, afin de les répartir entre les sections. Le 15 janvier, les Gravilliers proposent aux quarante-sept autres sections de nommer, comme au 10 août, des commissaires spéciaux qui s’assembleront

  1. Moniteur, XV, 180, séance du 16 janvier. Discours de Lehardi, Hugues et Thibault. — Meillan, 14 : « Alors fut tracée une ligne de séparation entre les deux côtés de l’Assemblée. Plusieurs députés que la faction voulait perdre avaient voté la mort. On préféra prendre pour base la liste des suffrages pour l’appel au peuple dans laquelle ils étaient presque tous inscrits. Nous fûmes donc désignés sous le nom d’appelants. »
  2. Ib., XV, 8. Discours de Rabaut-Saint-Étienne. — Buchez et Roux, XXIII, 24. — Mortimer-Ternaux, V, 418. — Moniteur, XV, 180, Séance du 16 janvier. — Buchez et Roux, XXIV, 292. — Moniteur, XV, 182. Lettre du maire de Paris, 16 janvier. — Ib., 179. Lettre de Roland, 16 janvier. — Buchez et Roux, XXIV, 448. Rapport de Santerre.