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LA RÉVOLUTION


à l’Évêché et veilleront à la sûreté publique. Le même jour, pour que la Convention ne se méprenne pas sur l’objet de ces menées, on dit tout haut dans ses tribunes que les canons ramenés sont à Paris « pour faire un 10 août contre elle ». Le même jour, il faut un déploiement de force militaire pour empêcher les bandits de se porter aux prisons et d’y « renouveler les massacres ». Le 28 janvier, le Palais-Royal, centre des gens de plaisir, est cerné par Santerre à huit heures du soir, et « six mille hommes environ, trouvés sans carte de civisme », sont arrêtés pour subir un à un le jugement de leur section. — Non seulement l’éclair brille, mais déjà, par coups isolés, la foudre frappe[1]. Le 31 décembre, un nommé Louvain, dénoncé jadis par Marat ; comme agent de La Fayette, est égorgé au faubourg Saint-Antoine, et son cadavre est traîné dans les rues jusqu’à la Morgue. Le 25 février, c’est le pillage des épiciers, sur les provocations de Marat, avec la connivence ou la tolérance de la Commune. Le 9 mars, c’est l’imprimerie de Gorsas saccagée par deux cents hommes armés de sabres et de pistolets. Le même soir et le lendemain, c’est l’émeute préparée et lancée contre la Convention elle-même ; c’est « le comité des Jacobins appelant toutes les sections de Paris à se lever en armes », pour « se débarrasser » des députés appe-

  1. Buchez et Roux, XV, 25 à 26. — Mortimer-Ternaux, VI, 184. (Manifeste du comité central, 9 mars, 2 heures du matin.) — Ib., 193. Récit de Fournier à la barre de la Convention, 12 mars. — Rapport du maire de Paris, 10 mars. — Rapport du ministre de la justice, 13 mars. — Meillan, 24. — Louvet, 72, 74.