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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« d’intrigants vivent encore. » — Dès le soir du 31 mai, la Commune a lancé des mandats d’arrêt contre les ministres Clavière et Lebrun, contre Roland et sa femme. Le même soir, et le lendemain pendant toute la journée et pendant toute la nuit, puis le surlendemain encore, dans les quarante-huit sections, les comités de surveillance, conformément aux instructions de l’Hôtel de Ville[1], relisent leurs listes de quartier[2], y pointent de nouveaux noms, envoient des commissaires pour désarmer et arrêter les suspects. Quiconque a mal parlé des comités révolutionnaires, ou s’est opposé aux attentats du 31 mai, ou ne s’est pas montré le 10 août, ou a mal

  1. Buchez et Roux, XXVII, 352 à 360, 368 à 377. Procès-verbaux de la Commune, 1er  et 2 juin. Proclamation du Comité révolutionnaire, 1er  juin : « Vos délégués ont ordonné l’arrestation de tous les gens suspects qui se cachent dans les sections de Paris. Cette arrestation s’effectue en ce moment de toutes parts. »
  2. Archives nationales, F7, 2494, section de la Réunion, procès-verbal du 1er  juin. — Ib., 2 juin. Le 2 juin, le citoyen Robin est arrêté « comme ayant manifesté des opinions contraires à la souveraineté du peuple dans l’Assemblée législative. » Le même jour, sur le territoire de la section, proclamation, par une députation de la Commune escortée d’un membre du comité et de deux tambours, « tendantes à faire connaître au peuple que la patrie sera sauvée en attendant avec courage le décret qui doit être rendu pour que le traître ne siège plus dans le sénat. » — Ib., 4 juin. Le comité arrête qu’il adjoindra de nouveaux membres, mais qu’il les choisira tous « bons sans-culote et ne recevra auqu’un notaire, clerc de notaire, avoué et leurs clerc, banquier et gros rentier, » à moins qu’ils n’aient fait preuve d’un civisme irréprochable depuis 1789. — Cf. F7. 2497 (section des Droits-de-l’Homme), F7, 2484 (section de la Halle-au-Blé), analogie des arrêtés et de l’orthographe. Le registre de la section des Piques (F7, 2475) est un des plus intéressants ; on y trouvera les détails de la comparution des ministres ; le comité qui les interroge ne sait pas même l’orthographe de leurs noms ; il écrit à plusieurs reprises « Clavier » pour Clavière, « Goyer » pour Gohier.